C’est donc dans son identité même que la littérature se trouve aujourd’hui troublée : rivalisée par le numérique tout comme l’est aussi le cinéma, ayant désormais largement perdu son leadership culturel en basculant comme nous toutes et tous dans un monde précisément « post-littéraire » peuplé d’écrans, d’images en flux et de séries, la littérature ne serait même plus aujourd’hui le lieu où se dit le monde et ses crises, ainsi que l’affirme la théoricienne Tiphaine Samoyault.
Mais cette condition troublée est aussi ce qui fait aujourd’hui le cœur vibrant de la création littéraire la plus essentielle. Comme nous y invite la philosophe Donna Haraway dans un essai retentissant, il faut tâcher de « Vivre avec le trouble », et en ce sens Extra! se veut plus que jamais le festival de la littérature vivante, autant dire un espace de créations textuelles qui vit pleinement ses troubles, les exprime, les explore, les expose, les visite, les performe, les recrée, sous des formes multiples.