La Fontaine, la fable et l’image

6 décembre 2012 / 7 décembre 2012
En Sorbonne à Paris et à Troyes (Médiathèque du Grand Troyes)

Dans le cadre d’une exposition préparée par la Médiathèque de Troyes , consacrée à l’illustration de Fables de La Fontaine, ce colloque fera le point sur l’illustration des recueils de fables antérieurs et postérieurs à l’époque du fabuliste français, tout en centrant sur lui et sur son rapport à l’image, au sens concret mais également abstrait, poétique et rhétorique, la première de ses trois séances. Les réunions se tiendront dans le cadre prestigieux d’abord de la Salle des Actes de l’Université Paris-Sorbonne puis de la Médiathèque de Troyes, les 6 et 7 décembre 2012.

Les débats seront ouverts par Marc Fumaroli, de l’Académie française, professeur émérite au Collège de France, qui fut le président-fondateur de la Société des Amis de Jean de La Fontaine (en 1987), et par Patrick Dandrey, membre étranger de la Société Royale du Canada, professeur à la Sorbonne, président actuel de la Société qui est à l’initiative de cette manifestation dont les actes seront publiés par la revue Le Fablier, organe des amis du fabuliste, qui chaque année produit un ensemble de textes, de recherches, d’articles, portant sur la vie, l’œuvre, le rayonnement des fables et des autres nombreux ouvrages de La Fontaine, sources d’illustrations aussi variées que multiples, dans le temps et dans l’espace. C’est cette riche collection qu’étudiera le colloque.

A cette occasion, la Société des Amis de Jean de La Fontaine s’est associée au Centre de Recherches sur la Langue et la Littératures Françaises des 17e et 18e siècles de Paris-Sorbonne et du CNRS, (dont l’équipe « Jouvences de la Fable (1600-1750) » est dirigée par Patrick Dandrey), et au Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires, de l’Université de Reims à travers deux de ses membres, Céline Bohnert, maître de conférences en littérature française, rédactrice en chef du Fablier, et Bernard Teyssandier, maître de conférences en histoire du livre dans l’antenne troyenne de l’Université de Reims, en l’Hôtel–Dieu Le Comte.

Les débats sont placés sous le patronage d’un aréopage scientifique international comprenant une dizaine de personnalités de l’ancien et du nouveau continent. Les communications associeront des chercheurs venus de divers pays, France, Suisse, Pays-Bas, Italie, pour poser et traiter les questions esthétiques et poétiques suscitées par la figuration figée d’un récit animé et par les choix que requiert de l’illustrateur la cristallisation d’un récit en une scène unique, au risque de la redondance, de la trahison, de la schématisation, de la surinterprétation. Ce sera l’occasion de comparer les illustrations du fablier français avec celle de certains de ses prédécesseurs et continuateurs européens, tels Ogilby en Grande-Bretagne, Faërne en Italie, Mey en Espagne, et aussi les images des recueils ésopiques qui prospérèrent pendant des siècles dans toute l’Europe si friande de ces ouvrages à la fois scolaires et savants, populaires et précieux. Mais ce sera aussi l’occasion d’analyser l’évolution de l’illustration des fables de La Fontaine lui-même, depuis Chauveau, illustrateur du recueil de 1668, jusqu’aux romantiques, Doré ou Grandville, en passant par les dessinateurs et graveurs du siècle des Lumières où l’âge rocaille a adoré La Fontaine, le reproduisant à satiété dans les arts décoratifs. Marc Fumaroli, qui préside aussi les Amis du Louvre, consacrera sa conférence inaugurale à ce sujet qui élargit l’image aux arts d’agréments, mobiliers (tapisseries et canevas) ou immobiliers (boiseries et ferronneries des hôtels rocaille). Cet élargissement esthétique autorisera à pousser l’étude jusqu’à un sujet plus abstrait : la question de l’image dans l’écriture et l’imagination du poète. On se demandera comment cet enchanteur qui savait donner à voir par un mot, une formule, une volute verbale, cisèle son imagerie animalière en recourant à la comparaison, à l’allusion, aux colorations verbales et au chatoiement du discours qui substituent l’évocation à la description, par le miracle d’une parole qui donne à voir et à sentir dans un même mouvement.

L’ensemble des communications prononcées dans le cadre de cette rencontre seront publiées dans la livraison du Fablier de 2013.

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